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Sites remarquables

  • Eglise paroissiale notre dame de l’assomption de Pranles

A l’origine église priorale, l’église de Pranles, dépendance de l’Abbaye de la Chaise Dieu (Haute Loire) date du XIème siècle. Elle a été construite sur ou à la place d’un bâtiment plus ancien.

A la lumière des documents connus et de ce que nous disent ses pierres, on peut reconstituer à grands traits la vie d’un monument qui a traversé les siècles, subissant tour à tour les effets de la folie, de la sagesse et de l’ignorance des hommes.

Construite par les moines installés par le père abbé de la Chaise Dieu sa dimension initiale a sans doute peu changé ; il en va autrement de ses volumes.

Le plan dressé par monsieur Philippe de Lagarde en 1931 montre un édifice qui de l’origine à nos jours a été bâti et remanié par des maçons locaux et n’a pas bénéficié de la science et de l’habileté des constructeurs des joyaux de l’art roman : déport du chœur par rapport à l’axe de la nef, asymétrie des arcs doubleaux, différences de niveaux, axe des chapelles dévié etc.
Certaines de ces maladresses qui sont à mettre sur le compte des tâtonnements qui présidèrent au début de l’art roman plaident pour une origine ancienne.
Les conséquences de la Réforme imprimeront sur les murs de l’église ses premiers stigmates.
Les traces du dernier curé connu (l’abbé Sollier ) se perdent en 1566.
L’église est en partie détruite : voûte du chœur, chapelles, clocher... en 1578. Le curé craignant les religionnaires s’est réfugié à Chalencon. En 1583 Nicolas de Vesc, vicaire général du diocèse, envoyé de Jean de l’Hôtel, évêque de Viviers, consigne son rapport et enjoint le curé de reprendre son ministère.

La présence protestante domine la vie religieuse dans les Boutières . En 1596, la paroisse est rattachée à celle de Tournon-lès-Privas. En 1598 Henri IV promulgue l’Edit de Nantes. Pendant près d’un siècle l’église restera ruinée et sera probablement reconstruite après la révocation de l’Edit par Louis XIV en 1685. Dix ans plus tard, un édit du Roi débloque des fonds pour réparer les églises.
Depuis longtemps, les acquis de l’Edit de Nantes battus en brèche n’étaient plus, dans certaines provinces, qu’un souvenir.

Deux ans après la Révocation, un nouveau curé (Jacques COSTIER) s’installe.
En 1692 un autre curé, Claude TEYSSIER est enterré dans l’église encore ruinée.

Les prieurs se succèdent, et en 1697 l’évêque de Viviers nomme le prieur Jean AYGON, qui, en 1718 inaugurera avec le curé LUQUET la cloche, marquant probablement ainsi l’achèvement des travaux de reconstruction de l’église. Entre temps, en 1713, la cure est construite à la suite de la maison priorale, bâtie contre l’église au XVème siècle.

Les travaux de reconstruction qui se sont probablement étendus sur une quinzaine d’années concernaient la voûte du chœur et celle du transept, les chapelles, le clocher et le baptistère. C’est à cette époque également qu’a sans doute été obturée l’arcade de la troisième travée et ce curieux « guichet » qui s’ouvre sur le transept. Les voûtes du chœur et du transept ont été reconstruites beaucoup plus bas qu’à l’origine. Il n’est qu’à observer les baies qui étaient de plein cintre, ainsi que les chapiteaux du chœur qui supportaient à l’origine un arc triomphal de plein cintre lui aussi.

En 1736, des petits travaux de réparation sont entrepris à l’église.
En 1759, la sacristie est construite suite au bail à prix fait signé entre le représentant du curé Esclozas (le curé de Coux) et le maçon, Antoine ASTRUC de Plènes Selve. Elle est construite à droite de la croisée du transept et sera transformée en chapelle en 1877. La nouvelle sacristie sera construite derrière le chœur, la même année

La révolution française passe. Les biens du prieuré sont vendus. La mairie prend possession du presbytère. L’église devient sa propriété.
En 1816 elle décide « d’augmenter » la cloche et la fait refondre par un fondeur de Champigneule venu tout exprès à Pranles. C’est la cloche actuelle.

En 1834 des réparations urgentes et importantes sont entreprises : réparations au presbytère, crépissage des façades nord et sud de l’église et percement des baies latérales du chœur à la place des fenêtres à meurtrières (à guichettes). Les fenêtres d’origines étaient de plein cintre et devaient ressembler à celle mise à jour au centre de l’abside en 1998 à l’occasion des travaux de restauration.

A la toute fin du XIXème siècle, l’intérieur de l’église a été enduit et badigeonné, les chapiteaux du chœur mutilés et recouverts sur les directives d'un curé iconoclaste. Ces chapiteaux supportaient un arc triomphal en brique, et creux. A la même époque, les chapiteaux de la nef, couverts de plâtre, sont mis au jour et restitués dans leur état actuel.

Jusqu’en 1961, pas de grands travaux, sinon des travaux d’entretien. A cette date la deuxième et troisième travée sont décapées et rejointoyées, et le sol de la nef recouvert de dalles de pierres dites du Pont du Gard.

En 1980, après bien des atermoiements, le toit est en partie refait et remanié.

En 1996, la réfection totale de la toiture et de la charpente, première des trois tranches de travaux est entreprise. Lui succède en 1997 le rejointoiement des murs extérieurs. Fin 1998 et début 1999 les travaux intérieurs achèvent une restauration commencée 37 ans plus tôt : enduit des voûtes, rejointoiements, réfection des sols des chapelles et du chœur à l’identique du sol de la nef, mise en conformité du réseau électrique et éclairage.

La sacristie est restaurée en 2000-2001 : décapage des murs, rejointoiement, lait de chaux sur la voûte et renforcement du linteau de la porte d’entrée.

Le mobilier liturgique est en place depuis le 17 Août 2001, la mise en lumière en 2007.

 

  • Moulin de Mandy

Le Moulin de Mandy date de 1891.
Mais on sait qu'il fût construit sur les vestiges d'un précédent moulin qui existait déjà en 1464, date des premières Estimes de la région. Le moulin ancestral était équipé de deux paires de meules disposant chacune de sa propre roue hydraulique horizontale (roudet).

En 1812, le Moulin de Mandy figure sur le plan cadastral napoléonien de Pranles.
En 1891, le moulin se modernise. Il devient alors un moulin à double confluence, alimenté par la rivière Boyon, les ruisseaux de Charbonnier et de Bernegris.
Le meunier va modifier les installations en réalisant d'importants travaux :
• Construction d'une 3ème levée sur le Bernegris et d'une nouvelle béalière prolongée par un aqueduc pour enjamber le Boyon
• Mise en place de 2 paires de meules en silex de La Ferté-sur-Jouarre et d'une paire de meules en grés.
• Le bâtiment est agrandi de 50 m2. Un ensemble mécanique de nouvelle génération est installé.
• Les deux roues horizontales sont supprimées. La roue verticale à augets de 6,50m de diamètre, le beffroi et ses engrenages, poulies, courroies assurent l'entraînement du trieur à céréales, des meules, de l'aplatisseur, du moulatout, des élévateurs, et des deux grandes bluteries à tamis hexagonal.
Jusqu'en 1914, le meunier, aidé de son oncle, employait un commis et on venait moudre de toutes les communes environnantes
Germain, le fils du meunier, après le décès de son père, fera tourner le moulin jusqu'en 1940 où il doit partir pour l'Allemagne comme prisonnier de guerre.
A son retour, en 1945, une ère nouvelle s'ouvre. Le moulin sera victime de l'industrialisation du pays avec le développement massif des minoteries... et des boulangeries. Il ne fonctionnera plus que pour les besoins familiaux jusqu'en 1965
Germain s'éteint en 1992. En 1993 Alain BERNARD, le nouveau propriétaire, démarre la rénovation, par les travaux d'urgence sur les toitures, les planchers et le réseau hydraulique
L'Association "Le Meunier de Mandy" est créée en 1994, continue la restauration du bâtiment et du réseau hydraulique proposés aujourd'hui à la visite. Deux chantiers internationaux ont permis la réhabilitation de l'aqueduc, la béalière du Bernegris et la levée du Boyon.
De nombreux bénévoles ont offert leur temps, leur savoir-faire, leur expérience en mécanique, maçonnerie, taille de pierre, ébénisterie, menuiserie, électricité, plomberie, entretien extérieur et intérieur. Ils continuent à s'investir pour améliorer chaque jour ce site merveilleux.
Depuis la première mouture qui a eu lieu en Juin 2002, de très nombreux visiteurs ont pu apprécier l'immensité de la tâche ainsi accomplie. Le Moulin de Mandy a su traverser les siècles malgré les épreuves. C'est un lieu qui compte dans l'animation locale, attaché à la convivialité tout au long de l'année.
Non, le meunier de Mandy ne dort pas. Si le moulin va trop vite, c'est tout simplement qu'il concocte de nouveaux projets pour votre plus grand plaisir…

 

 

  • Musée du vivarais protestant

Avant de découvrir le hameau du Bouschet de Pranles où est nichée la maison de Pierre et Marie Durand, vous traverserez une forêt de châtaigniers centenaires, témoins de l'histoire de ce pays des Boutières. Les vieux troncs noueux se dressent fièrement face à un panorama grandiose. Par temps clair, le ciel vous fera peut-être la grâce de découvrir les lignes sinueuses du Vercors jusqu'aux Alpes !
Les quelques maisons du hameau, accolées les unes aux autres comme si elles voulaient résister ensemble aux marques du temps, enserrent la maison des Durand qui se dresse au bout d'un chemin de terre.
À l'entrée de cette maison datant du XVe siècle et classée monument historique, vous découvrirez l'antique four à pain noirci par les ans.
L'architecture des bâtiments, de type purement ardéchois des Boutières, a épousé parfaitement les dénivelés, donnant ainsi naissance à des escaliers et des cours intérieures. Les grandes portes au sud et à l’est lorsqu'elles se refermaient à la tombée du jour assuraient la sécurité des hommes et des bêtes, d'où l'appellation de « maison forte ».
Le corps d'habitation de la maison est resté pratiquement tel qu'il était au XVIIIe siècle.
On y retrouve la cuisine, avec son magnifique vaisselier taillé dans la pierre, et son imposante cheminée abritant une cachette destinée à protéger l'éventuel prédicateur poursuivi par les soldats du Roi.
C'est qu'en ce temps-là, la liberté religieuse était interdite dans le royaume de France. Le Roi n'accepte pas qu'il existe deux religions dans le pays, c'est l'unité du royaume qui est compromise. Au nom du principe : « Un roi, une loi, une foi, (celle du monarque) », les protestants qui s'obstinent à garder leur liberté de conscience vont devenir des hors la loi et plus particulièrement après la révocation de l'Édit de Nantes par Louis XIV, en 1685.
En cette année 1711, Marie Durand vient de voir le jour dans cette maison du Bouschet de Pranles. Étienne, le père, greffier consulaire, mais aussi la mère Claudine Gamonnet sont tous deux de « nouveaux convertis ». Ils appartiennent à la « Religion Prétendue Réformée » et sont appelés communément les « R.P.R ». Cependant, afin d'assurer une existence légale à leurs enfants, ils feront baptiser leur fils aîné Pierre, né en 1700, et la petite Marie à l'église catholique de Pranles (seul le baptême catholique donnait un « État Civil »).
Étienne Durand, en plus de son train de campagne, était expert foncier. Il possédait quelque instruction et était considéré comme un homme intègre, digne de confiance. C'est pourquoi, bien que « nouveau converti », il fut chargé par les notables de la paroisse, sur recommandation du curé de Pranles, de la fonction de greffier consulaire.
Cependant, Étienne Durand n'a pas craint d'affirmer ouvertement sa foi. En 1694, il grava sur l'arceau de la porte de sa maison, en latin, le début du psaume 51 : « Miserere mei Domine Deus » (Aie pitié de moi Seigneur Dieu), et sur le fronton de la grande cheminée, en français, avec l'orthographe de l'époque : « Loue soy Dieu 1696 E.D. ».
Dans la famille Durand, on est, comme beaucoup d'autres familles, en apparence catholique comme la loi l'exige, mais à la maison on lit le livre interdit : la Bible. On se rend aussi aux assemblées tenues la nuit, dans les maisons ou dans les ravins des alentours. Ces assemblées nocturnes étaient parfois encerclées par les dragons du roi... c'était alors les arrestations, les galères, les prisons.

Marie avait huit ans, lorsque sa mère fut arrêtée et conduite vers Pont-Saint-Esprit, où il y avait une prison pour femmes. On n'entendit plus jamais parler d'elle. Pierre fut envoyé à l'école à Privas, puis fera en Suisse des études dans le but d'être pasteur. Étienne reste donc seul avec Marie. La fillette va grandir auprès de son père qui va l'éduquer. Il va lui apprendre à lire, à écrire et va lui transmettre ses convictions. Pierre revient en France et réorganise, en Vivarais, les Églises Réformées du Désert, affirmant un loyalisme envers le pouvoir, mais revendiquant la liberté de conscience.  Il est dès lors clandestin et par conséquent recherché. Au sein de cette existence qui le met constamment en danger, il trouvera un peu de réconfort en liant sa vie par le mariage avec Anne Rouvier en 1727. Il leur naquit trois enfants dont un seul survivra, Anne. La clandestinité du fils va conduire le père, Étienne, en prison au Fort Brescou, au large d'Agde, il va y rester 14 ans.
Marie reste seule au Bouschet. Elle va, quelques mois plus tard, se fiancer à Matthieu Serre de Saint-Pierreville. Les deux fiancés passent un contrat de mariage chez le notaire, le 26 avril 1730 ; mais le jeune couple sera arrêté en juillet 1730, sur lettre de cachet, donc sans jugement. Matthieu Serre est condamné à la réclusion perpétuelle et va rejoindre son beau-père au fort Bréscou ; il y restera 20 ans. Quant à Marie, après quelques jours à la prison de Beauregard à Saint-Péray, elle est conduite à la tour de Constance à Aigues-Mortes, elle y restera 38 ans (1730- 1768).
Il semble que très tôt, elle devint la prisonnière la plus éminente et la plus représentative. Elle écrivit de nombreuses lettres, dont la première que nous connaissons date de 1740. On reconnaît dans sa correspondance une personne calme et réfléchie, non portée à l'exaltation, vivant sa foi tout intérieurement, sans manifestation spectaculaire, mais avec une fidélité à toute épreuve. Elle accepta sa captivité avec soumission et espérance. Mûrie par l'existence de son enfance douloureuse, elle va devenir dans cette tour, auprès de ses compagnes d'infortune, un soutien mais aussi un élément de stabilité et de fermeté, bien qu'elle ne pût pas toujours empêcher les défaillances de certaines ou leurs abjurations.

Pierre exerçant toujours son ministère dans la clandestinité, subit le sort réservé aux pasteurs. Conformément aux ordres du roi, il sera arrêté puis transféré à Montpellier où il aura un bref jugement et sera pendu le 22 avril 1732.
Marie Durand revint donc dans son pays natal après trente-huit années d'absence. Elle avait retrouvé sa liberté de mouvement, mais sa vie était entravée par d'autres liens douloureux : sa santé était ruinée par les dures privations, elle retrouvait l'héritage paternel mais n'avait plus la force de cultiver les terres, la vieille maison familiale était délabrée, ce n'était plus la maison cossue d'autrefois. Marie fut donc contrainte de s'endetter. Après avoir payé sa fidélité au prix de trente-huit années d'emprisonnement, elle payait maintenant par une vie d'indigence. Elle s'éteignit dans sa maison natale en juillet 1776, sans qu'on puisse préciser le jour. Sa dépouille fut déposée dans un terrain jouxtant la maison, mais on ne sait pas exactement où. Une année auparavant, elle avait légué ses propriétés à son débiteur, Jacques Blache de Privas, marchand tanneur, homme intelligent et charitable. Celui-ci recueillit le domaine dans un état lamentable, mais il sut le faire valoir. Par la suite, ce domaine passa à différents propriétaires. Le dernier, M. Aimé Lacour, en fit don en 1931 à la Société de l'Histoire du Protestantisme Français.
La résistance de Marie Durand, de ses compagnes et de ce peuple vivarois dépasse de beaucoup le protestantisme : c'est l'annonce de la marche non violente vers la liberté religieuse et plus largement vers la liberté d'opinion, vers la séparation entre les Églises et l'État. Les murs de cette maison du Bouschet de Pranles ont gardé en mémoire les événements dramatiques du passé et, pour mieux les conter, ils ont laissé place à un musée : le Musée du Vivarais Protestant.
Les différentes pièces de la maison, tout en gardant farouchement leur caractère originel, proposent un parcours permettant de remonter le temps. Un film d'introduction à la visite place le visiteur au cœur de l'histoire, les salles sonorisées permettent l'accès aux commentaires en différentes langues, les cachettes et les inscriptions gravées dans la pierre rappellent l'authenticité des faits.
Aujourd'hui la maison est gérée par le conseil d'administration d'une association créée en 1966. Une équipe de bénévoles assure la maintenance et l'ouverture du musée. La visite du musée délivre un message perceptible mais non imposé. Le témoignage de la famille Durand interpelle. C'est pourquoi le musée est bien plus qu'un lieu culturel, il est un espace d'accueil, un carrefour d'échanges et de réflexion, une porte ouverte vers la tolérance au sein d'un monde où règne souvent l'incertitude et l'incrédulité.

Contacts musée : Site internet : www.museevivaraisprotestant.org